A l’heure où j’écris ces quelques lignes, il fait un froid de gueux ! Rien à voir avec ce grand soleil et cette chaleur douce que seul l'automne sait offrir. Sans mauvais esprit, c’est pourtant un feu d’enfer qui nous attendait à l’Elysée Montmartre ce soir-là.
En 1992, Mike Muir, arborant une forme explosive, Robert Trujillo, aux talents et doigté encore utiles, et leurs comparses, venaient présenter The Art of Rebellion.
Point de photos, ni de signatures, la notoriété du combo californien était déjà grande, ils ne se sont pas montrés avant de monter sur les planches. Seuls les membres de l’éphémère groupe ELECTRIC LOVE HOGS, que tout le monde a oublié (moi, la première !), profitant d’une exposition inespérée, se sont prêtés de bonne grâce à l’exercice du meet and greet à l’arrache devant la salle.
Leur nom ne figure même pas sur ce billet, ni celui du second groupe, alors totalement inconnu du grand public, qui a pourtant atomisé la soirée : RAGE AGAINST THE MACHINE.
Car c’est bien la bande de Zack de la Rocha et Tom Morello qui a frappé un grand coup, la surprise était totale : au fur et à mesure que le set se déroulait, le public se regardait, incrédule, se demandant d’où sortait ces extraterrestres musicaux. Ils ont retourné l’Elysée Montmartre, nous mettant sur le flanc, nous laissant sur le cul, avant même l’arrivée de la tête d’affiche que l’on ne pouvait pourtant pas taxer d’immobilisme. Ma première rencontre avec RATM (leur premier passage en Europe) fut un set d’une rare intensité, avec leur musique à faire jumper les moribonds, suintant une révolte alors encore sincère.
Pour être honnête, la prestation de SUICIDAL TENDENCIES était vraiment excellente, j’étais épuisée rien qu’à regarder Mike Muir sautiller, courir, headbanguer dans tous les sens, mais j’ai quitté la salle avec le sentiment persistant qu’il s’était fait voler la vedette par ce groupe dont j’ignorais encore le nom et dont le premier album n’était pas encore sorti (l’indétrônable album éponyme).
Je les ai revus un an plus tard, le 9 septembre 1993, au même endroit. Je n’ai, hélas, pas retrouvé ce billet. La première partie était assurée par TOOL (ne me frappez pas, mais je ne me suis jamais autant ennuyée en concert…) mais, eux, une fois de plus, ont retourné l’Elysée Montmartre.