Backstaber a écrit:Borealis a écrit: la façon dont on l'utilise : ex. la
Loudness War...
Y a moyen que tu puisses résumer ? Ca m'a l'air bien intéressant ça
Réponse un peu tardive. Pour résumer très schématiquement, il s'agit d'un terme péjoratif (aussi appelé "Guerre du volume" ou "course au volume" en français) pour qualifier la propension des CDs à sonner de plus en plus fort, la prod visant le volume maximal au détriment de la qualité sonore et de la dynamique.
En cause l'utilisation d'une compression dynamique trop importante, "compression" qui n'a rien à voir avec la compression de données, type MP3. Je ne rentrerai pas dans les détails techniques, mais le résultat est que les passages censés être les plus bas sont déjà forts, et que les passages les plus forts saturent carrément ; ils sont numériquement écrêtés car le seuil des 16 bits (résolution max du CD) est atteint.
Puisque le contraste entre les moments les plus calmes et les plus bruyants est atténué, la musique perd tout relief et devient plus fatigante pour l'auditeur dont l'oreille est soumise à une tension permanente et ne se voit accorder aucune accalmie. Outre ces problèmes, cela génère surtout au moment de la saturation/écrêtage un signal quasi-carré plein d'harmoniques particulièrement désagréables, c'est le
clipping. Le but initial continue d'être atteint car cette distorsion fait paraître le son encore plus fort qu'il n'est réellement.
Un exemple de disque (beaucoup !) trop fort est "Death Magnetic" de Metallica, tout bonnement inaudible en CD, même sur du matos bas de gamme (point du vue purement technique, indépendant des qualités artistiques de l'album, ou plutôt de leur absence...). Je ne sais pas quel est le crétin qui a voulu faire sonner ce disque plus fort que tous les autres. Les membres du groupe ? La maison de disques ? Le comble, c'est qu'une version "correcte" existe... dans le jeu "Guitar Hero" ! Il s'agit donc bien d'un problème de mastering final. La comparaison entre les deux versions de "My Apocalypse" est édifiante :
Attention, il faut toutefois tempérer cette charge. Un peu de compression dynamique est nécessaire pour faciliter l'écoute, en particulier la rendre plus aisée dans les environnements bruyants (baladeur, autoradio). En son absence, les passages les plus calmes seraient inaudibles et obligeraient à jouer en permanence avec le volume. De plus, augmenter le niveau du signal permet d'améliorer le rapport signal/ bruit. La compression dynamique n'est réellement un problème que quand elle est excessive.
Cette pratique permet aussi de faire revenir sur la table le fameux débat CD vs. vinyle vu qu'on ne retrouve pas (ou moins) le problème avec les vinyles car il est impossible, pour des raisons techniques, d'appliquer de tels niveaux de compression à la gravure du vinyle. C'est une des raisons pour laquelle beaucoup de personnes préfèrent aujourd'hui le son "analogique".
Ajoutez à cela que les premiers CDs souffraient de l'inexpérience des ingés son avec le format numérique et l'on comprend le désamour pour le CD ! Pour rappel, il était nécessaire d'appliquer des filtres pour s'adapter à la déformation du signal induite pas la gravure vinyle, et cette transformation était parfois déjà présente sur les bandes magnétiques qui ont été utilisées pour le pressage des CDs. De plus, certains ont vu dans le CD un format parfait jusqu'à la moitié de la fréquence d'échantillonnage et n'ont pas appliqué de filtre passe-bas. Le son qui en résultait contenait trop d'aigus, pas assez de basses, le fameux son "numérique", analytique, froid et sans âme. Ces pressages des années 80 ont été vendus pendant longtemps, et le sont toujours pour certaines références. Le drame, c'est qu'il faut parfois maintenant choisir entre un vieux pressage aigrelet, et un "remaster" bourré de compression dynamique et de clipping, guère plus avenant !
Néanmoins, je reste persuadé qu'un CD bien mixé a un meilleur son qu'un vinyle avec tous ses problèmes : bruit, distorsion, séparation des canaux gauche-droit ridicule, "clics", de moins en moins d'aigus au fil de l'usure du disque, différence entre le début et la fin d'une face due au fait que la vitesse de déplacement du diamant sur le disque n'est plus la même et que le bras est de moins en moins "tangentiel"...
Bon, j'ai été plus long que prévu et fait un peu de hors-sujet, je m'arrête là.
"Les dieux n’étant plus et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été." G. Flaubert